Monday, May 30, 2016

Paperjam: ''Everyone must be aware of its responsibility'' (Original news in French Language)

«Chacun doit être conscient de sa responsabilité»


Le sourire permanent et une volonté – elle aussi permanente – de faire bouger les lignes. Depuis qu’elle a fondé il y a 15 ans l’association Friendship, Runa Khan ne cesse de brasser de nouvelles idées, d’aller à la rencontre de donateurs potentiels pour venir en aide à la population de son pays, le Bangladesh.
Un travail de fourmi qui a débuté avec un premier bateau médical, une goutte dans l’océan face à la pauvreté, mais qui, petit à petit, marque une différence. «Les gouttes d’eau forment les océans, lance Runa Khan. Pour Friendship, l’accumulation des gouttes, toutes nos actions, permet de sauver des vies.» 

La technologie comme atout

Deux bateaux médicaux, 200.000 services de soins de santé rendus par mois, 78 écoles et centres d’éducation créés, 5.000 agriculteurs et pêcheurs aidés par un programme de microfinance… L’impact des actions de l’ONG se mesure aussi à leurs chiffres.
Des résultats rendus possibles – et c’est une particularité essentielle de l’ONG – par la constitution, il y a 10 ans, de Friendship International, la plateforme de récolte de fonds basée au Luxembourg. Alors que les ONG aidant les pays défavorisés fonctionnent essentiellement selon un schéma nord-sud, Friendship a choisi l’inverse pour être au plus près de ses donateurs. Entre-temps, des antennes ont aussi vu le jour aux Pays-Bas, en France, au Royaume-Uni et en Allemagne.
Marc Elvinger, Friendship International
«Il est nécessaire de renouveler la base de donateurs, observe Marc Elvinger, président de Friendship Luxembourg et coprésident, avec Runa Khan, de Friendship International.

Si vous utilisez une simple technologie de façon intelligente, vous pourrez réaliser de belles choses.

Runa Khan, Friendship International
Mais au-delà de la récolte de fonds, l’expérience de Friendship a permis de nouer des partenariats avec différents acteurs européens. À l’instar de la plateforme Satmed de SES qui permet de déployer des communications à des fins médicales dans des régions éloignées. 
Pour combler des besoins de base, comme l’est l’éducation, Friendship tire aussi profit d’autres technologies.
«Les habitants de certains pays comme le Luxembourg ne comprennent plus vraiment la valeur de certaines technologies, ajoute Runa Khan. Si vous utilisez une simple technologie de façon intelligente, vous pourrez réaliser de belles choses.» Et de citer la retransmission pour des enfants grandissant en dehors des systèmes éducatifs de cours donnés dans la capitale.

Le miroir de nos responsabilités

Venue le 27 mai à Luxembourg avec des compatriotes pour célébrer une décennie d’action internationale à destination du Bangladesh, Runa Khan dispose d’une position malheureusement idéale pour mesurer combien les défis de notre temps sont globaux. À l’instar du changement climatique dont les conséquences se font sentir chez elle. La préparation aux catastrophes naturelles et l’aide d’urgence font d’ailleurs aussi partie des missions de l’ONG.

C’est la première fois qu’il y a une prise de conscience tangible.

Runa Khan, Friendship International
«Chacun doit ouvrir son cœur et réaliser qu’il a aussi une responsabilité dans ce que nous vivons», ajoute Runa Khan, misant sur la COP21 pour déclencher «le début du début». «C’est la première fois qu’il y a une prise de conscience tangible. Le chemin est encore long, mais nous sommes persuadés que la prochaine COP sera encore meilleure.» 
Autre motif d’espoir: les discussions tenues lors du Sommet humanitaire mondial d’Istanbul qui s’est déroulé les 23 et 24 mai. «Une des idées qui sont ressorties du sommet est celle de la ‘localisation’, autrement dit donner plus d’importance aux organisations locales, ce qui signifierait lâcher un peu de lest pour les ONG internationales, à la faveur de celles qui implémentent les projets sur le terrain et qui disposent du know-how», ajoute Marc Elvinger.
Dignité, espoir, justice, qualité, intégrité sont les valeurs sur lesquelles est fondée Friendship. Ces valeurs sont conjuguées à celle du travail des équipes sur le terrain: les responsables de l’ONG envisagent la prochaine décennie dans la continuité de celle qui vient de s’écouler.
«Il y a des changements dans les besoins, nous ferons aussi évoluer notre organisation pour affiner notre communication, mais le seul compromis que nous ne ferons pas, c’est celui de continuer à travailler dur pour les populations et avec leur implication», conclut Runa Khan.